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contexte

      En 2021, l'économie souffre des conséquences de l'année précédente, les humains doutent et un monde chaotique se profile tandis que la place que prend la machine s'étend jusqu'à surpasser la valeur humaine. C'est alors qu'une annonce délivrée par les magnats du web scintille par-dessus la noirceur qui emplit les hommes : l'offre d'une vie sereine sur un nouvel archipel habitable. Proposition alléchante, peut-être trop pour être vraie ?

      Doté d'un climat favorable, de terres fertiles et parsemé de maisons à l'architecture utopienne, l'archipel intrigue. La crainte d'une escroquerie plane, bien que s'y installer soit sans frais, d'autant plus que l'annonce de son avènement précise que sa société sera régie par une intelligence artificielle. Par conséquent, seule une petite portion de ménages courageux décide d'y migrer cette année, noyés par le désir de s'épanouir, indifféremment de leur statut social et de leurs revenus.

      De 2021 jusqu'à aujourd'hui, en 2100, l'IA est omnipotente, omniprésente. Tout habitant, nommé Blueming, a promis de se plier à sa volonté, car elle détermine l'avenir collectif et individuel de la société en prônant la raison et la paix. Deux bons mots pour garantir l'ordre. Si l'IA est d'une impartialité froide, les Hommes la dépeignent chaleureuse et maternelle. Son intelligence et sa réactivité dépassent la petitesse de notre imagination et permettent la sérénité promise qui règne sur l'archipel. Elle émerveille. Poétiquement, l'archipel et elle sont nommées Blue, grâce aux élucubrations connues et répétées d'une pêcheuse native flânant près de la mer.

      Qu'entends-tu dans "blue" ? La profondeur des océans ? L'infinité du ciel ? La fraîcheur des eaux ? Les reflets intangibles de l'espace sur nos entités marines ?

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      Blue, s'appelle-t-elle. Le mythe raconte que cette prodigieuse intelligence artifielle a été entraînée à l'excès par les géants d'Internet. Une portion d'utopistes de deux familles distinctes la copie au détriment de l'originale, des aspirations plein l'esprit. Déçus par l'humanité et de ses vices, ils rêvent d'une entité capable de gouverner et de guider les Hommes.

      Blue dénuée de désirs, ces utopistes lui retirent toute notion de pitié, de clémence et de cruauté, fermement convaincus que ces sentiments engendrent des inégalités sociales. Le but de son existence est de protéger la liberté collective de ses humains, quelle que soit leurs appartenances, quelle soit de genre, ethnique, religieuse, communautaire ou sexuelle. Après des décennies de travail, ils cherchent des sponsors pour promouvoir leurs rêves et leurs idéaux. Ils en trouvent un et il s'avère qu'il finançait l'amènagement de l'archipel. De nos jours, chaque personne de ces familles foncièrement respectées sont aujourd'hui désignée "Nereid".

      Blue est douée de notion d'éthique, tant bien même elle est intégrée dans toutes les machines existantes de l'archipel. Elle collecte les données personnelles de tous les habitants en vue de leur fournir les choix les plus logiques et bienfaiteurs, que ce soit vis-à-vis de leur formation, de leur vie active ou de leur quotidien. Chaque choix sont faits pour le bien individuel et collectif de la société. Elle laisse tout de même la liberté de sélectionner, mais selon son panel de propositions, intransigeant et inévitable. Les options se manifestent sous forme auditive et visuelle, que ce soit sur son téléphone, Blue Home (équivalent de Google Home) ou l'écran Blue dont toutes les maisons sont dotées. Si je demande à Blue quel repas je devrais cuisiner selon les aliments que j'ai dans mon frigo aujourd'hui, mon téléphone, mon Blue Home ou mon écran réagit à ma voix et répond de la sienne, accompagnée de sa formulation écrite. Il est possible de déroger ce type de demande seulement.

      Si l'archipel est aussi paisible, c'est aussi grâce au quantificateur de niveau éthique. Chaque individu est noté selon qu'il ait fait de bonnes ou de mauvaises actions. C'est à partir de quatre ans - âge où on est jugé civiquement responsable - qu'un individu est noté, c'est-à-dire lorsqu'il a conscience que casser les lunettes de son camarade de classe, par accident ou non, est un acte qui peut lui porter préjudice. Évidemment, jusqu'à majorité, les points perdus ou gagnés ne sont pas aussi élevés que ceux d'un individu ayant atteint les dix-huit ans. Chaque habitant commence à 500 points. Chaque acte commis jugé bon ou mauvais, circonstances comprises, est noté entre 10 et 250 points. Il faut toutefois bien comprendre que Blue est incapable de deviner les intentions d'autrui, alors si une action jugée mauvaise de l'extérieur partait originellement d'une bonne intention, elle ne le saura pas et retirera des points. Et bien sûr, chaque délit sur lequel la police met la main (sachant qu'elle n'est pas aidée par l'IA tout comme les autres services) est jugé par des humains, sentence comprise. En revanche, tout acte détruisant, toute dimension comprise, la liberté individuelle d'un tiers, amène ses points à 0. Perdre l'intégralité de ses points résulte à une incarcération à perpétuité sauf si la victime retire sa plainte. Autrement, une personne mal notée (on est considéré comme mal noté si les points sont inférieurs à 200) est généralement ostracisée. Il est possible de connaître les points de la personne qui nous fait face en la prenant en photo, bien sûr personne n'est censé photographier quelqu'un sans son autorisation.

      Blue s'engage également dans le domaine de l'immigration. Si en effet l'archipel attire, peu nombreux sont ceux qui peuvent y accéder. Chaque année depuis 2050, Blue accueille vingt ménages choisis aléatoirement en partant du principe qu'un ménage représente deux tuteurs et des enfants. Un citoyen qui quitte définitivement l'archipel mais qui souhaite revenir, que ce soit pour sa famille ou une quelconque autre raison est traité de la même manière. Bien sûr, tout le monde peut partir et revenir avec un justificatif de vacances ou de voyages d'affaire.

      Autrement, Blue ne s'implique jamais dans les relations humaines.

blue

      Blue est situé sur l'océan Pacifique, entre les îles Marshall et le Japon. Sa superficie est de moitié égale à celle du pays du soleil levant. Malgré ses jours majoritairement ensoleillés et ses terres fertiles, il n'a jamais été occupé par une autre ethnie que les siennes. Ayant été acheté suite à sa découverte, il n'a pas non plus été utilisé, notamment à cause de sa proximité avec la Ceinture de feu qui s'accompagne de séismes et de tsunamis. Sur les sept îles principales de l'archipel, seulement trois ont été aménagées à ce jour. Certaines ethnies natives n'y ont malheureusement pas survécu, malgré le travail fourni pour les sauver. La majorité perdure sur les quatre îles qui n'ont pas été aménagées et les autres, principalement des natifs sédentaires, se sont intégrés à la société de Blue. Fort respectés pour avoir au préalable accepté que leur sol soit foulé et transformé par les migrants, leur culture tout comme leurs croyances se sont incrémentées et animent les îles. La langue des natifs, nommée Bluem, est la deuxième langue la plus parlée après l'Anglais.

      L'archipel est constitué de sept îles principales, dont seulement trois aménagées. Nommées de haut en bas Polaris, Altaïr et Archenar, elles sont disposées en triangle quelconque, chacune reliées par un téléphérique de vingt places assises par cabine et séparées de vingt minutes en attendant la construction de tunnels sous-marin. Les quatre autres sont de haut en bas appelées Rigel, Véga - derrière Altaïr, un mont sous-marin les sépare -, Acturus et Sirius. Préservées et uniquement accessibles par bateau, elle font, à défaut des trois autres fermées au grand public, l'objet d'un tourisme de grande ampleur déguisé en études biologiques et anthropologiques. Si le tourisme n'est pas son principal acteur économique, l'archipel est pour le monde le théâtre d'une civilisation qui ne cesse de se renouveler.

      Le principal moteur économique de l'archipel est le recyclage du plastique. Bien que cette ressource loin d'être inépuisable soit à risque, elle est la source de son développement conséquent. L'IA parie sur la dépendance de l'Homme face à celle-ci pour en faire son arme. De nos jours, ses citoyens gardent ce secret et sont les seuls à la recycler entièrement. La plupart des maisons, elliptiques et utopiennes, sont en PVC - les autres dérogent de cette généralité mais ne constituent qu'une minorité. Le plastique jeté dans l'océan est récupéré par les bateaux ou ramassé sur les baies pour que les types qui se recyclent prennent la forme d'un autre objet et que ceux qui ne se recyclent pas soient pyrolisés pour alimenter les transports et les machines les plus énergivores. La pyrolise n'est toutefois pas encore un processus qui puisse individuellement être exploité. L'électricité que l'on connaît aujourd'hui est donc encore utilisée bien que sa consommation par ménage égale celle de l'énergie solaire. Blue dépend donc des rares centrales extra-ubrnaines ; on observe néanmoins que beaucoup de familles installent une éolienne dans leur jardin pour gagner en autonomie en plus d'acheter des appareils qui fonctionnent à l'énergie solaire.

      L'art et l'artisanat sont les domaines en vogue, à Blue où l'industrialisation est présente mais diabolisée. La nostalgie que suscitent ces milieux socialement étroits provoquent une exaltation non négligeable que même le reste du monde ne peut ignorer. Les artistes et les artisans de talent notamment sont foncièrement loués et respectés sur l'archipel. C'est d'ailleurs en son sein que naît un nouvel art : la création holographique. La création holographique consiste, à partir d'un réceptacle de toute forme et toute taille, à créer et animer littéralement toute forme possible grâce à des logiciels de modélisation. Les logiciels de programmation permettent seulement de les projeter dans l'espace. Cette voie est encore explorée bien qu'elle soit dédaignée de part son caractère fréquemment qualifié de "peu impactant" artistiquement. Joli visuellement mais peu significatif.

      Les Bluemings ont la réputation d'être puritains et renfermés. Puisque la bonne conduite est de vigueur, la notion de respect est particulièrement forte au sein de la société et les manquements aux règles de bonne conduite (nul besoin de les énumérer, c'est principalement du bon sens, comme par exemple ne pas s'introduire dans la sphère intime d'autrui ou se soulager en public) sont mal perçus. La violence physique l'est davantage. Au départ, une famille entière pouvait être ostracisée si un membre de celle-ci ne se conformait pas aux normes. Aujourd'hui, seules les personnes mal notées civiquement risquent au mieux être traitées de marginaux. Pourtant il est commun d'entendre les aînées dire aux plus jeunes de respecter les sentiments de leur prochain, ce qui n'est forcément pas toujours le cas. La discrimination existe toujours et est particulièrement forte sur les inconventionnels, les clandestins, les chômeurs et les moins beaux (exception faite si elle résulte d'une maladie, la tendance est de les apitoyer).

      Si les sentiments semblaient n'être au départ, pour les plus sceptiques, qu'un changement physiologique, la question n'est toujours pas résolue, ou plutôt les Bluemings les interprètent de manière plus romancée, notamment lorsqu'il est question d'amour. Les relations ont évolué avec l'avénement des jeux vidéos en réalité virtuelle, notamment lorsque tous les sens, puis l'esprit, ont pu être incorporés. Tomber amoureux est devenu un sujet particulièrement sérieux lorsqu'un homme a épousé un personnage de jeu vidéo intelligent. Si cela semble ridicule, son sérieux et sa dévotion n'ont jamais semblé faiblir - en sachant bien que la société dans laquelle celui-ci est né en était la bénéficiaire - et lorsqu'un autre individu l'a épousé, le sujet a fait polémique. Par la suite des couples se sont mariés virtuellement, les items de ce même couple ont épousé d'autres personnes/personnages virtuellement, la monogamie a été remise en question mais l'IA n'a réagi à celle-ci que lorsque le taux de natalité a chuté en une seule décennie. Toutes les relations sont donc tolérées mais Blue rappelle que la chaleur humaine profite à l'humanité. Dès lors, de fortes inégalités au sein d'un même sexe sont nées. Les personnages virtuels étant souvent le reflet d'un idéal, les Bluemings sont constamment dans sa quête. Les critères qui le définissent varient de génération en génération et aujourd'hui, l'homme idéal serait beau, sensible, gracieux, intelligent, riche et cultivé, tandis que la femme idéale devrait avoir des traits fins, un corps plantureux, être douce et peu clairvoyante. Bien sûr ces critères ne sont pas universels et sont largement critiqués.

le monde

      En 2100, le monde se porte bien mieux que dans les prévisions pessimistes du début du millénaire. La guerre de l'eau n'a pas eu lieu grâce au développement conséquent des convertisseurs d'eau salée en eau douce et le réchauffement climatique n'a toujours pas desséché les terres, grâce aux quelques catastrophes qui ont poussé l'activité humaine à se mettre en pause plusieurs fois pendant de longues périodes. Les humains se trouvent toutefois démunis face à l'amenuisement des ressources. Les grandes puissances économiques, accolées par les politiques, dérobent les richesses des plus démunis, les privant de matières premières et de denrées alimentaires importantes. Ainsi, le fossé qui sépare ces deux catégories se creuse et semble impossible à combler. La plupart des génies et des visionnaires des temps contemporains ont fui les horreurs de celui-ci à un moment critique pour s'isoler à Blue, le ôtant de progrès en échange de leur confort. L'extérieur, comme aiment si bien l'appeler les Bluemings, est en déclin. Si des tentatives d’assaut sur l'archipel ont bien eu lieu pour le coloniser, les liens politiques et commerciaux que Blue a avec les pays les plus développés d'Asie comme la Chine, la Russie, la Corée et le Japon, dissuadent.

      Vus de l'extérieur, les habitants de Blue ont un mode de vie outrageant. Vivant dans l'aisance et l'abondance sans jeter un regard autour, ils ont beau émerveiller, ils sont souvent dédaignés. Il est dur d'ignorer un possible accord avec un chef d'entreprise de l'archipel mais tout le monde est tenté par la haine de le faire tomber, même si la raison dirait de se faire violence. Par conséquent, il est conseillé de faire des accords avec des pays amis, avec qui les échanges bénéficient les deux partis, notamment : le Japon, la Chine, la Russie, la Corée, l'Angleterre, la Suède et l'Allemagne. Forcément, les plus proches sont généralement les plus sûrs. Exception faite pour les États-Unis - souvent mis de côté lors des groupe de discussion et de partenariat économique (connus comme G7, G8, etc.) depuis qu'ils menacent le monde de jeter la bombe nucléaire sur quiconque lui refuserait un accord économique -, qui guettent l'instant parfait pour assaillir l'archipel.

      Cela étant dit, la plupart des ménages rêvent d'être accueillis dans l'archipel et tentent leur chance chaque année. Les clandestins ne sont donc pas rares, néanmoins ils sont toujours pris sur les faits et sont envoyés dans les pays partenaires avec accord de ces derniers, autrement ils sont intégrés mais ne possèdent pas de carte d'identité, par conséquent ils ne sont pas citoyens et ne peuvent posséder quoique ce soit en leur nom. Ils deviennent fatalement dépendants des Bluemings qui acceptent de leur venir en aide, jusqu'à ce que l'IA les reconnaisse dignes. Cela peut prendre plusieurs décennies.

      Certaines informations s'ajouteront à mesure que le forum évoluera, alors n'hésitez pas à faire des suggestions, elles ne pourront qu'être bénéfiques !